Daniel Ybarra

"Le collage... est l'événement du monde le plus extraordinaire" (J. Paulhan)
Germinaciones, semilleros: les derniers travaux de Daniel Ybarra posent d'emblée la référence à la nature dans ce qu'elle a de dynamique: le processus de croissance, d'engendrement, d'inflorescence, qui va de 'intensité retenue (du potentiel, de l'avenir) jusqu'à l'expression dilatée, détendue et spatialisée de sa forme, fruits, fleurs ou feuilles. Ces peintures, ou plutôt ces collages et assemblages, s'inscrivent dans la logique des tableaux précédents: jeux d'ombre colorée, de lumière irisée traversant un feuillage que la photographie numérique restitue avec un léger flou sur lequel la peinture va être déposée, comme pour en atténuer la référence naturaliste et la déplacer, avec lenteur et attention, dans le domaine de l'abstraction. Il y a là le début d'un contre-processus qui vient s'opposer au modèle naturel, le dévier de sa logique linéaire, et l'ouvrir à une action de transformation qui est le propre de l'art. La métaphore se substitue à la métamorphose; les feuilles d'arbre qui servaient de point de départ pour les tableaux deviennent, dans Germinaciones, un feuilletage au sens strict du terme, un empilement de films de plastic transparent; chaque strate est marquée par une intervention, peinture ou dessin, sur une partie de la surface, de telle sorte que l'ensemble, une fois achevé, laisse apparaître les formes dans un jeu savant de caché-montré, au sein d'une profondeur contenue.
Extrait du texte de Christian Bonnefoi, 2011Depuis quelques années Daniel Ybarra consacre son travail à transposer les jeux de la lumière dans un langage mêlant intimement les processus plastiques et photographiques. La saisie de ces instants lumineux résulte dans un premier temps de l’observation de la nature, de celle en particulier du jardin: arbres aux épaisses frondaisons, tapis floraux, herbages, souches et terre, iridescences aquatiques. Mais loin de retranscrire mimétiquement l’image de la végétation ou des éléments traversés par les rayons solaires et en particulier leur gamme chromatique, l’artiste déconstruit l’ordre de l’optique physiologique pour y substituer une grille visuelle obéissant à des coordonnées personnelles. Aussi à l’intérieur de ses compositions son imaginaire réagence la nature, redécoupe le réel, lui fait subir un traitement de dilatation, processus au terme duquel composition, couleurs et signes acquièrent une nouvelle lisibilité, sans que à proprement parler la nature intrinsèque de ce réel ait changé. (...)
Françoise-Hélène Brou, avril 2002, extrait du texte "lumières liminaires"Le labyrinthe tranquille
Ce qui a été et qui sera, le choses que j'ai eues et celles que j'aurai, tout cela nous attend quelque part dans ce labyrinthe tranquille