Veikko Hirvimaki

..."Veikko Hirvimäki fait partie des quelques artistes finlandais qui ont dépassé les frontières de leur pays, paradoxalement, son inspiration est restée très liée à ses origines nordiques. Ce qui frappe d’emblée dans le travail de Veikko Hirvimäki, c’est le côté poétique et très personnel de son œuvre. Ses sculptures ont toujours une base concrète: panoplie de vieux outils rudimentaires; épaves de bateaux; carcasse de maison, dont il ne reste que l’essence même de la chose qui a existé et qui se perpétue dans la mémoire, par cette trace devenue abstraite et quasiment immatérielle."...
..."Veikko Hirvimäki choisit avec beaucoup de soin le morceau de bois qui a gardé de sa vie passée une certaine densité, une couleur et une expérience. En effet, les compositions en bois sont très colorées naturellement, suivant le type d’arbre et le vieillissement: elles vont du noir mat à l’orange, en passant par tous les camaïeux de gris et de brun. De l’ensemble des pièces se dégage une vie intérieure intense qui est, comme la musique, faite de nuances mélodiques et rythmiques."...
..."Il fait ressortir de chacune d’entre elles l’usure des années, voire des siècles et le renvoie ainsi au fond des temps. Toutes ses petites sculptures ont cependant un aspect monumental. Sans en avoir l’air, elles ont été l’objet d’une grande attention et d’un long cheminement. Le sculpteur tente de rétablir le dialogue entre la vérité plus subjective des objets de l’enfance et la vérité plus objective, plus proche de l’archétype… un enfant prend un morceau de bois et décide que c’est un bateau… le bout de bois est véritablement un bateau pour l’enfant. Veikko Hirvimäki, lui essaie de redonner cette foi enfantine, en réorientant l’imagination, qui permet de ramener à la surface de lambeaux de mémoire enfouis, tels des objets archéologiques. Ses sculptures présentent des aspects bruts et non finis. Qui sont comme des passages où l’imagination peut s’engouffrer et commencer a voyager. Elles sont comme des ombres qui laissent pressentir une réalité au-delà de l’objet lui-même, dans la mémoire de chacun."...

Françoise Jaquet

..."D’où viennent ces loups effarés qui semblent sortis d’une forêt, comme les premières idoles grecques furent jetées par les flots de la mer sur une plage déserté? D’un bois mal équarri, mais si savamment ajustées, quelles divinités s’incarnent dans ces bêtes à l’affût lorsqu’elles forment cette meute étrange, où, toutefois, le groupe peine à rompre l’isolement d’un animal au port si humain?"...
..."L’odeur de l’homme que redoute la créature sauvage n’est-elle pas celle qu’elle porte déjà en elle et qui annonce la déchéance du fauve et de sa dignité ? Veikko Hirvimäki génère ainsi une sculpture pour évoquer des mythologies et invente à ses dieux barbares des alphabets dont l’aspect rudimentaire  cherche à défier le statut des objets fabriqués, comme si l’assemblage préexistant à leur invention. Dans l’espace où s’édifie théâtralement ce bestiaire mythique, chaque loup dessine un geste inconnu mais presque familier, dont on doit redouter seulement qu’elle n’imite des attitudes proches, trop proches des hommes civilisés."...

Jacques Py, 2003

D’après Roland Barthes, le mythe est un système particulier. C’est une sorte de discours, de communication, de message. Le mythe n’est pas un objet, un concept ou une idée, c’est une manière de délivrer du sens, une somme de signes, une forme. Le mythe ne se manifeste pas sous la forme d’un message de l’objet, il se manifeste dans la manière dont le message apparaît.
 
«Tout signe porte en lui la trace d’autres signes »

Jacques Derrida