Pierrette Bloch

…Pierrette Bloch développe depuis les années 1950 une œuvre abstraite découlant d’une pratique obsessionnelle du dessin, déclinée au fil des années sous différentes formes: collages, compositions de taches d’encre de Chine noire, mailles, fils de crin noués, ou lignes de papier. Ses œuvres allient sérialité et subjectivité du geste, tout en confrontant le dessin à sa spatialité.(…)
La trajectoire de Pierrette Bloch croise celle d’artistes français tels que Pierre Soulages, Jean-Michel Meurice ou Michel Parmentier, et se rapproche de l’abstraction américaine de Robert Ryman, Agnes Martin et Eva Hesse. Son travail à l’encre fait aussi écho aux toiles libres de Heiner Kielholz ou de Niele Toroni, ses œuvres de fils de crin entrent en résonance avec les installations de cordages et de nœuds de Claude Viallat, entre autres…

Extraits du communiqué de presse, Musée Jenisch, Novembre 2013

Depuis les années 70, Pierrette Bloch développe un travail autour des fils de crin jusqu’à créer des lignes tissées qui projettent une ombre fragile; et réalise parallèlement une œuvre à l’encre sur papier : écritures du secret. "...Faite de matériaux pauvres, de formes simples, totalement abstraite et sans couleur, l’œuvre de Pierrette Bloch est d’une grande cohérence. Dès ses débuts, elle joue sur des variations presque imperceptibles de tonalité, de rythme, un peu comme la musique répétitive des années 70. Un travail essentiellement sur l’espace, le temps, le mouvement infini des points, des lignes, dans lequel il faut accepter de se laisser dériver. Ni vraiment contrôlée, ni vraiment automatique, ni vraiment minimale, ni vraiment lyrique, ni vraiment constructive, ni vraiment gestuelle, ni vraiment orientalisante, ni vraiment support/surface... l’œuvre de Pierrette Bloch par sa totale liberté, faite autant de fantaisie que de rigueur, déjoue toutes les catégories esthétiques bien enrégimentées du XXe siècle tout en les rejoignant toutes. Peut-être pourrait-on citer à son propos un de ces aphorismes chinois : "C’est sous les pas que se fait le chemin."

Extraits du communiqué de presse, Centre Pompidou, 2002

« Commencé il y a longtemps, mon travail s’inscrit dans une continuité, rythmée de haut et de bas,
mais inextinguible, le temps et les souvenirs s’y déroulent avec l’évidence et la certitude de leur linéarité. Ma première exposition date de 1951, et il me semble que j’écris une histoire, qui ne s’achève pas ».

P.B.

«Est-elle peintre? Est-elle sculpteur? Est-elle dessinatrice? Question bien embarrassante.
Pierrette Bloch utilise l’essence du dessin, son pouvoir d’esquisse et la suggestion de formes denses ou mobiles, qui ne sont jamais autoritaires ni tout é fait encloses. On pourrait dire qu’elle tient le journal du temps, de son temps, dès lors qu’elle s’assoie à sa table de travail, pose la pointe d’un pinceau gorgé d’encre sur le papier, propose ses petites virgules ou point, faits main, comme autant d’imprévus en lavis de noir jusqu’à la transparence...».
«Fragments, variations, éclosions, on retrouve tout cela dans les oeuvres de Pierrette Bloch, qui exultent toujours, sans avoir l’air, une sorte de vagabondage du jamais semblable et moins de matière possible: citons, à ce titre, à partir de 1975, les longues lignes de crin de cheval, fixés entre deux petits clous au mur, qui laissait voir, par boucles, noeuds ou fils libres, les dessins joyeux d’une frise et une sculpture absolument hors normes, germinations minimalistes».
«Quelque chose de bien troublant. Quelque chose de qui est en nous, qui régit nos corps et fait trembler l’âme.Quelque chose qui passe en nous et qui nous désigne, vivant, sensible, faible parfois, ligne ténue comme un souffle, dont le temps est origine et fin».

Introduction catalogue Pierrette Bloch 25 avril-13 juin 2009, Haim Chanin Fine Arts, Laurent Boudier, 2009