Anne Mégevand

Fascination de la matière, principalement marbre et albâtre

Désir de toucher, façonner, caresser, découvrir, laisser émerger

Les mains comptent pour moi. Leur prolongement aussi : massette, gradine, mais aussi râpe, meuleuse, ponceuse.
Patience infinie et nécessaire pour frotter et frotter encore, d’abord au papier de verre de grain gros jusqu’au polissage final et fin.
Méditation dans cette répétition du geste, mais aussi ankylose ou tendinite parfois. Travail en trois dimensions plutôt qu’en deux, concret, physique.
Comment vais-je aborder ce bloc difforme et irrégulier ?
Nul plan initial, nul dessin, il faut que j’entre en matière, que je me perde, tâtonne et, de temps à autre, m’agace. Mais enfin, enfin, lorsque la pierre a accepté de se laisser apprivoiser. Lorsque je suis parvenue à la séduire, que je peux lui demander de coopérer et qu’elle accepte.

Alors c’est soudainement le miracle : elle me parle, elle me guide et je sais alors où elle veut m’emmener. Puis, longtemps après, dans le silence de mon atelier à Lully ou à La Falconnière, entourée d’arbres séculaires comme le marbre, qui m’offrent leur ombre protectrice, lorsque ma pierre et moi avons tout donné, je réalise que- peut-être un peu de beauté est née de mes mains...

« Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre »
(Charles Baudelaire, La beauté, Les Fleurs du Mal)

Anne mégevand